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Barnier fait monter sa majo

Le briefing politique essentiel du matin.
Par ANTHONY LATTIER
Avec ELISA BERTHOLOMEY et SARAH PAILLOU
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DANS SA VOIE. Chez lui et avec les siens. Après EPR, Horizons et le MoDem, Michel Barnier poursuit sa tournée des journées parlementaires des groupes politiques qui devraient constituer, avec un allant à géométrie variable, sa future majorité relative. Il se rend aujourd’hui à Annecy voir ses amis de LR.
Fondus. Le Savoyard fraîchement nommé à Matignon retrouvera sa famille politique dont plusieurs membres, et non des moindres (Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau ou Annie Genevard) sont prêts, à certaines conditions, à intégrer son équipe. Car c’est désormais officiel : députés et sénateurs LR ont donné hier soir leur feu vert à une participation au gouvernement Barnier. “C’est très positif”, se réjouissait nuitamment l’entourage du Premier ministre.
Laurent OK. L’inverse eut été étonnant, me direz-vous, mais il aura tout de même fallu attendre une semaine pour que les parlementaires LR en fassent l’annonce, signe que la promotion de l’un d’entre eux a chamboulé les plans de Laurent Wauquiez et de ses troupes qui avaient, au départ, exclu toute participation à une coalition gouvernementale.
Point de chagrin. Certes, le nombre de députés Les Républicains a encore baissé à la suite des législatives anticipées de juin (ils ne sont plus que 47 contre 62 avant la dissolution). Mais, par une ruse de l’histoire dont certains ne se sont pas encore remis, ce sont eux qui sont désormais au centre du jeu, les clés du camion en main.
Ne pas déshabiller DR. Au point que certains élus s’inquiètent même d’un affaiblissement de leur poids à l’Assemblée, s’ils étaient trop nombreux à décrocher un ministère. “Il faut faire gaffe à ne pas trop dépoiler le groupe !”, mettait en garde l’un de ses membres au téléphone avec votre infolettre, hier. Pas de quoi toutefois gâcher l’ambiance de ces journées parlementaires qui sera forcément plus folichonne que celles de Saint-Malo il y a un an (on y était, c’était la déprime).
Bonjour à tous, nous sommes jeudi 12 septembre 2024. Encore un peu de patience, la saison des raclettes ouvre bientôt.
RETROUVAILLES. L’atmosphère risque d’être moins joviale du côté du Havre où Emmanuel Macron présidera les célébrations du 80e anniversaire de la Libération de la ville aux côtés de son maire, Edouard Philippe. Les deux hommes y prononceront chacun un discours.
Justification. Certains tendront sans doute l’oreille pour y déceler ça ou là d’éventuelles allusions grinçantes à l’annonce faite par Philippe de sa candidature à l’Elysée dans une interview au Point la semaine dernière. Il y assumait en particulier de se placer dans la perspective d’une éventuelle présidentielle anticipée, ce qui a provoqué la colère du chef de l’Etat et de ses soutiens.
Précision. Interrogé sur BFMTV hier soir, l’ex-Premier ministre a juré qu’il ne souhaitait pas la démission d’Emmanuel Macron (“Il serait terrible qu’un élu ne puisse pas aller au terme de son mandat”, a-t-il déclaré), mais il a défendu l’idée qu’il faille “se préparer”.
Bon point. S’il n’avait pas soutenu la dissolution (loin de là), Edouard Philippe a en revanche applaudi hier le “très bon choix” d’Emmanuel Macron de nommer à Matignon Michel Barnier, un homme “expérimenté, méthodique, droit”.
APPUI MASSIF. Ce soutien clair à Barnier a été exprimé toute la journée d’hier par les philippistes réunis pour leur rentrée parlementaire à Reims, où votre infolettre est allée traîner ses Converses. Nos oreilles ont récolté nombre de gargarismes d’élus Horizons, ravis de se présenter en nouveau “barycentre” de la future majorité de Michel Barnier (un simple “constat”, nous assurait-on, pas du tout une ambition ou une revendication).
Horizons math. Rappelons aux lecteurs distraits que le groupe présidé par Laurent Marcangeli ne pèse pas bien lourd, numériquement, au sein du “bloc central” (33 élus contre 97 EPR). Mais les membres du parti d’Edouard Philippe, “ni les plus à droite, ni les plus à gauche”, dixit un proche de l’ex-Premier ministre, sont “ceux qui ont le moins mégoté leur soutien” et ils n’ont pas “multiplié les conditions suspensives”, estimait hier un cadre du mouvement, ouvertement moqueur envers “le pas de deux” des Républicains (on en parlait plus haut) et l’attitude des élus d’EPR (ex-Renaissance), divisés sur leur soutien à Barnier (on en parlait hier).
Sortez votre double décimètre. “Je dois admettre qu’il y a moins d’écarts entre l’aile droite et l’aile gauche d’Horizons qu’entre celles d’EPR”, brocardait le même. Voilà, dans l’esprit des horizonistes (oui, nous le tentons), qui leur assurerait une place de choix au sein de la coalition de Barnier — et, bien sûr, des représentants au sein de son futur gouvernement.
La débauche entre amis. Les macronistes n’apprécieront sûrement guère ce ton. D’autant moins qu’eux doivent encore digérer le départ de deux des leurs vers le groupe Horizons, persuadés que le maire du Havre a lui-même enchaîné les coups de fil cet été pour grossir ses rangs au Palais-Bourbon en débauchant chez EPR. “Tous ceux qui [nous rejoignent] le font sans que nous les ayons sollicités”, nous a spontanément précisé l’ami philippiste cité plus haut, vantant un groupe “attractif”.
Mais-mais-mais se ranger sans barguigner derrière Michel Barnier n’empêchera-t-il pas de faire entendre sa propre musique dans la perspective de 2027 ? Tous les cadres interrogés hier semblaient bien en peine de nous citer des différences, sur le fond, entre le nouveau PM et son lointain prédécesseur. En désespoir de cause et après de longues hésitations, l’un d’eux en venait à évoquer la préférence pour la lecture du Havrais contre la promenade en montagne, qui serait plus du goût du Savoyard…
Le pari. “Quand vous êtes candidat à la présidentielle, il y a plein de risques”, balayait le proche de Philippe. Les autres élus interrogés hier devant le Best Western de Reims pariaient en cœur que les électeurs leur sauraient gré d’avoir eu “le mérite de la clarté” et d’avoir mis “les mains dans le cambouis” plutôt que d’avoir été “vecteurs d’instabilité”. “Ceux qui, par habileté et calcul politique, restent planqués parce qu’ils se disent ‘c’est moi le coup d’après’ se feront massacrer par les Français”, voulait encore croire un poids lourd du groupe parlementaire de l’Assemblée.
On fait le total. Michel Barnier peut donc compter sur un noyau dur de (33 Horizons + 47 LR =) 80 députés qui le soutiennent fermement. Soit une majorité encore très très relative.
BLM EN FIN DE BAIL. Un septennat à Bercy : Bruno Le Maire vantera ce matin son bilan — à un moment où celui-ci est contesté — devant plusieurs centaines d’invités (fonctionnaires, conseillers, parlementaires, patrons, syndicalistes, etc.) conviés au ministère de l’Economie, quelques jours avant la nomination de son remplaçant. Lui n’a pas l’intention de rester.
État des lieux de sortie. La presse vous parle ici, là ou là de ces grands adieux qui interviennent juste avant une séquence budgétaire ô combien périlleuse et alors que les comptes publics dérapent.
POURVU QUE LA CRIM PAIE. Pour aider au renflouement des caisses, le futur ex-grand argentier de l’Etat a laissé à son successeur un cadeau : une taxe prête à l’emploi pour prélever une partie de la rente perçue par les énergéticiens.
Rattraper le coup. Pour les lecteurs assidus de Playbook, il s’agit là de la deuxième mouture de la fameuse Crim, la “contribution sur les rentes inframarginales” qui n’a jamais permis d’obtenir les milliards escomptés l’an passé (comme nous en parlions ici). Cette fois-ci, les énergéticiens devront payer 40 000 euros le mégawattheure pour chaque installation produisant plus de 260 mégawatts.
Décriée. La nouvelle version ne plait pas plus que la précédente aux acteurs de l’énergie qui la jugent inadaptée. Chez EDF, on estime que cette taxe aurait des effets contre-productifs, à la fois pour les investissements dans la transition énergétique mais aussi, à terme, sur les prix de l’électricité. “Comme toujours avec Bruno Le Maire, la réflexion n’est pas trop poussée”, grince un professionnel du secteur, qui ne regrettera pas le ministre. Vous en saurez plus en lisant ici mes collègues d’Energie-Climat Nicolas Camut et Alexandre Léchenet.
MAUVAISE PIOCHE. La vérité du début de semaine n’est pas toujours celle du milieu, particulièrement en cette période d’incertitudes politiques… Dans son édition de mardi, Playbook vous annonçait que Michel Barnier envisageait de nommer Grégory Besson-Moreau, ancien député LREM, compagnon de la ministre démissionnaire Aurore Bergé à la ville, comme chef de pôle parlementaire.
Patatras : “ce ne sera pas lui”, nous faisait savoir hier, via WhatsApp, un conseiller du PM, se montrant par la suite encore plus explicite : “il ne sera pas conseiller au pôle parlementaire, [il] n’en a jamais été question”. Diantre.
Plouf. Playbook a bien sûr cherché, questionné, gratté pour comprendre ce revirement de situation. “Il est incapable de dealer avec la gauche”, nous a soufflé un élu qui le connaît bien. “Il ne parle même pas à la majorité”, grinçait une conseillère macroniste.
Appel à un ami. Histoire d’en avoir le cœur net, votre infolettre a échangé par téléphone avec le principal intéressé. “Je n’irai pas au pôle parlementaire”, nous a confirmé Grégory Besson-Moreau — bien plus tranché que lundi — tout en indiquant qu’il serait “très heureux d’accompagner” Michel Barnier, un “ami de longue date”. Un autre poste lui est-il promis ? “Pas de commentaire”, a-t-il simplement balayé.
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EN FORME OLYMPIQUE. Si, malgré sa campagne d’autopromo lancée avant même la fin des Jeux — elle est naturellement dithyrambique sur le bilan de leur organisation — vous aviez encore un doute sur les intentions d’Anne Hidalgo pour les municipales de 2026, apprenez que la maire de Paris participera ce soir à un événement du Parti socialiste parisien baptisé… “Paris 2030”. Histoire, l’air de rien, de se projeter au-delà de la fin de son bail.
Tant pis pour les rageux. Certes, Hidalgo ne devrait pas y officialiser qu’elle brigue un troisième mandat, a assuré son entourage à ma collègue Anne-Charlotte Dusseaulx avant-hier. Mais à présent que les Jeux sont terminés, l’heure n’est plus à faire lanterner les ambitieux de tous bords. Ainsi l’une de ses très proches, la patronne de la fédération PS de Paris, Lamia El Aaraje, assume-t-elle dans une interview au Nouvel Obs parue hier : Hidalgo “pourrait se représenter”. Aux côtés de la maire, cette dernière annoncera ce soir le lancement d’une grande enquête auprès des Parisiens dans la perspective des municipales.
GLUCKSY DAISY. La patronne de l’Hôtel de Ville, qui cultive de longue date une ligne très anti-LFI et s’est donc opposée à l’accord du NFP, avait prévu de prendre sa carte à Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann, qui a cartonné à Paris aux élections européennes — son entourage nous certifiait encore il y a dix jours que cela était “plus que jamais d’actualité”. Mais elle a semblé faire marche arrière vendredi dans Libération : “Il est clair que, pour moi, le combat à mener est au sein du Parti socialiste”, a-t-elle expliqué à nos confrères, tout en se disant “en adhésion totale” avec les idées de Place publique.
Interprétation de cette volte-face, offerte par un bon connaisseur des arcanes politiques parisiennes : Hidalgo, en partant chez Place Publique, ne voudrait pas offrir la possibilité au PS dirigé par Olivier Faure — avec qui ses relations sont glaciales — d’accorder une investiture à Emmanuel Grégoire, son ex-premier adjoint. Bien que devenu député en juin, Grégoire assure d’ailleurs ne pas avoir renoncé à son ambition de succéder à Anne Hidalgo et a tenu à le faire savoir la semaine dernière dans Le Parisien.
Emmanuel Macron est au Havre pour célébrer les 80 ans de la Libération de la ville à partir de 19h10. Edouard Philippe puis le président prennent la parole au cours de la cérémonie.  
Michel Barnier est en déplacement en Savoie et en Haute-Savoie. Il arrive à 11h55 au Bourget-du-Lac pour visiter l’Institut national de l’énergie solaire avant de se rendre dans une Maison France Services à Entrelacs où il arrive à 15 heures. A 16h30, il se rend aux journées parlementaires des Républicains.
A cette occasion, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et François-Xavier Bellamy tiennent une conférence de presse à 18h30 à Annecy. Dernier jour de la rentrée parlementaire du MoDem à Cély-en-Bière.
Bruno Le Maire prend la parole depuis Bercy à 11 heures pour un “discours de remerciement”. 
Yaël Braun-Pivet s’entretient avec Emmanuel Kessler, PDG de LCP, puis avec Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.
Anne Hidalgo participe au lancement de Paris 2030, par le PS parisien à partir de 18h30.
Le Conseil constitutionnel rend en fin d’après-midi sa décision sur le recours de Marine Le Pen pour contester l’élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale.
7h15. France 2 : Laurent Karila, psychiatre et addictologue.
7h30. Public Sénat : Véronique Guillotin, sénatrice RDSE de Meurthe-et-Moselle.   
7h40. TF1 : Michel Biero, vice-président de Lidl … France 2 : Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme … RTL : Aurore Bergé, ministre démissionnaire chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, députée EPR des Yvelines … RMC :  Robert Ménard, maire de Béziers.   
7h45. Franceinfo : Maud Bregeon, députée EPR des Hauts-de-Seine … Radio J : Pierre Jouvet, eurodéputé PS.
7h50. France Inter : Eric Coquerel, président LFI de la commission des finances de l’Assemblée nationale. 
8h00. Public Sénat : Benjamin Morel, constitutionnaliste, maître de conférences en droit public à Paris II Panthéon-Assas.  
8h10. Europe 1/CNEWS : Thibault de Montbrial, avocat, président du centre de réflexion sur la sécurité intérieure. 
8h15. France 2 : Alicia Lassalle, étudiante … Radio Classique : Alain Minc, président de sa société de conseil AM Conseil … RMC : Slim Oussaya, père de Kamilya, la fillette tuée à Vallauris.
8h20. France Inter : Dominique de Villepin, ancien Premier ministre … RFI : Maurice Soudieck Dione, professeur agrégé de sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.   
8h30. BFMTV/RMC : Arnaud Rousseau, président de la FNSEA … Sud Radio : Sébastien Delogu, député LFI des Bouches-du-Rhône … LCI : Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. 
AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : Bientôt dans les tuyaux : une PPL télécoms au Sénat, une PPL écrans à l’Assemblée …  Dans l’attente de la version Barnier, le Conseil d’Etat planche sur le budget Attal … Taxe autoroutière : le Conseil constitutionnel attendu au bout du tunnel. C’est à 7h30 pour nos abonnés POLITICO Pro.
DANS LE JORF. Nicolas Vinci, conseiller politiques prioritaires de Sylvie Retailleau, a quitté ses fonctions.
MÉTÉO. Retour sur ses terres sous un ciel gris, avec quelques gouttes en sus, pour le nouveau Premier ministre. 
ANNIVERSAIRES : Mereana Reid Arbelot, députée GDR de Polynésie française.
PLAYLIST. Places to be, de Fred again.. & Anderson .Paak.
Un grand merci à: Anne-Charlotte Dusseaulx, Alexandre Léchenet, Nicolas Camus, nos éditeurs Matthieu Verrier et Pauline de Saint Remy, Sofiane Orus Boudjema pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne.
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